Claude Raymond 1965 : l’apogée du pionnier

 

J’aime Claude Raymond!

Quand j’étais p’tit gars et qu’il analysait les matchs des Expos à la radio, il m’a appris plein de choses sur mon sport préféré. Il disait par exemple que « aucun frappeur ne peut connaitre une saison de .300 s’il s’élance sur le premier tir » parce qu’il a besoin de se familiariser avec la vitesse et le mouvement des lancers pour les frapper avec autorité. Dans le baseball d’aujourd’hui, toutes les équipes enseignent les vertus de la patience au bâton.

À cette époque, mon père m’avait informé que Claude Raymond avait joué plusieurs saisons dans les Ligues Majeures. Moi qui était habitué de voir surtout des Américains et quelques Latinos jouer au plus haut niveau, ça m’avait impressionné qu’un « Frenchy » comme on le surnommait au sud de la frontière, avait réussi à y jouer et s’y maintenir pendant 12 saisons.

Quand on connait le vaste univers d’excellents joueurs de baseball qui ont évolué dans les rangs AA ou AAA sans jamais percer dans les Grandes Ligues, on peut déjà admirer quelqu’un qui s’y est rendu. Puis si on réussit à y cumuler 721 manches lancées en 449 présences au monticule, on atteint alors un autre niveau qui permet de mettre en perspective la carrière du joueur dans l’histoire du baseball.

C’est ainsi par exemple que la Moyenne de points mérités en carrière de 3.66 de Claude Raymond le place à 4 petits points sous la moyenne de ses contemporains (ERA+ de 96). Cette statistique cache toutefois qu’il y a essentiellement eu trois Claude Raymond différents. Celui qui a lancé à Montréal en fin de carrière n’était plus que l’ombre de lui-même (MPM 4.47). Celui qui a lancé 6 saisons avec les Braves était un releveur adéquat (MPM 3.86). Mais le Claude Raymond qui a évolué à Houston entre l’âge de 27 et 30 ans était un lanceur de haut niveau (MPM 2.98) qui était 14% meilleur que la moyenne des Majeures (ERA+ de 114).

Et le temps d’une saison, 1965, notre Frenchy était carrément un lanceur dominant, l’un des meilleurs du baseball au cœur d’une décennie où les grands lanceurs étaient légions.

Même si je savais qu’il avait été sélectionné au Match des étoiles de 1966, ce Claude Raymond là je ne le connaissais pas suffisamment et ne l’appréciait pas à sa juste valeur.


La statistique WAR n’est pas très utile pour comparer un releveur à d’autres joueurs, mais elle peut servir pour comparer différentes saisons de sa carrière. Claude Raymond a un WAR en carrière de 3.2, dont 2.2 cumulés pendant la seule saison 1965.

Il a atteint cette année-là des sommets en carrière au niveau du ratio d’hommes sur les buts par manche lancée (WHIP 1.069) et du ratio de retraits sur trois prises vs. buts sur balles (SO/W 4.94), alors même qu’il atteignait également un sommet pour le nombre de manches lancées en une saison (96.1).

Je ne suis pas un fan de la statistique Victoire pour un lanceur – il s’agit d’une statistique collective qu’on assigne à un individu, comme s’il gagnait tout seul – mais dans le contexte je dois souligner que Raymond avait une fiche de 7-4 en 1965 pour une très mauvaise équipe qui n’a remporté que 65 parties.

1965 fut également sa meilleure saison en carrière au chapitre d’une autre statistique avancée importante : le FIP (Fielding Independent Pitching). Il s’agit de comptabiliser les résultats des trois situations où un lanceur n’a pas besoin de sa défensive, soit les retraits sur trois prises et les buts sur balles, ainsi que les circuits. C’est ce qu’on appelle dans le jargon les « three true outcomes ». Le FIP de notre pionnier québécois en 1965 est extraordinaire : 2.34.

Comme n’importe quel lanceur de relève, Claude Raymond n’a pas lancé suffisamment de manches pour se qualifier dans les tableaux des meneurs de la Ligue Nationale, ou encore pour le trophée Cy Young. Mais histoire que toutes ces statistiques ne vous apparaissent pas trop abstraites, je vais tout de même établir certaines comparaisons.

Au niveau du ratio SO/W d’abord, la Ligue Nationale était dominée par deux lanceurs grandioses : Sandy Koufax (5.38) et Juan Marichal (5.22). S’il s’était qualifié, le 4.94 de Raymond l’aurait placé au 3e rang, lui permettant de devancer d’autres légendes comme Bob Gibson (2.62) et Don Drysdale (3.18). Ce ratio en carrière pour Claude est de 2.21.

Puisque la défensive des Astros était faible, le FIP permet de mieux comparer le lanceur originaire de St-Jean-sur-Richelieu à ses pairs sur la base de ce qu’un lanceur contrôle seul. Or, son extraordinaire FIP de 2.34 l’aurait placé au 4e rang de la Nationale cette année-là, juste devant Jim Bunning et Juan Marichal.

Je ne dis pas que Claude Raymond était dans la même catégorie que ces géants; après tout ils lançaient trois fois plus de manches que lui. Mais ça donne quand même une meilleure idée du niveau d’excellence qu’il a atteint en 1965 sur une production de presque 100 manches.

Pendant 12 saisons, Claude Raymond s’est maintenu parmi les grands en conservant un poste dans les Majeures. Pendant 4 de ces saisons, il était un excellent lanceur qui avait atteint un autre niveau. Et comme Achille dans l’Illiade d’Homère, le temps d’une saison il avait le statut d’un demi-dieu qui s’est approché du Panthéon des immortels.

 

J’ai écrit ce texte parce que je souhaite que cette saison 1965 de Claude Raymond soit mieux connue des amateurs de baseball du Québec. Il le mérite amplement.

1965, c’était l’apogée du pionnier.

 

 

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